Nous nous intéressons au microbiote des moustiques, c’est-à-dire aux microbes qui colonisent leurs organes, notamment l’intestin, car ce microbiote affecte la propagation de maladies, notamment le paludisme ou la dengue. Les moustiques qui transmettent des parasites ou des virus sont infectés en piquant un hôte infecté. La transmission n’aura lieu que si l’agent infectieux traverse plusieurs étapes sélectives dans l’intestin, l’hémolymphe (équivalent du sang) et les glandes salivaires, et si le moustique survit au-delà du temps d’incubation du pathogène. La permissivité du moustique à l’infection et sa longévité sont toute deux affectées par le microbiote.
Par exemple, le microbiote de vecteurs du paludisme limite le succès d’infection par le parasite par stimulation du système immunitaire et production de molécules antiparasitaires et il réduit également la longévité du moustique. Par ces biais, le microbiote semble limiter le risque de transmission. Inversement, certaines bactéries et certains champignons augmentent les chances de développement du virus de la dengue dans l’intestin de son vecteur ; les microbes sont utiles au développement de larves de moustiques, qu’il s’agisse des vecteurs de paludisme ou de dengue. Cela indique que le microbiote peut également favoriser la transmission.
Dans notre laboratoire, nous souhaitons comprendre comment les moustiques, les bactéries et les pathogènes transmis interagissent, en étudiant les voies immunitaires et métaboliques impliquées. Le problème, c’est que la composition du microbiote de moustiques de laboratoire est très différente de celle de moustiques de terrain. Nous profitons de notre localisation en Guyane, en Amérique du Sud, pour combiner recherche de laboratoire et de terrain. Sur le terrain, nous collectons des moustiques pour étudier leur microbiote et/ou en cultiver certaines bactéries. Au laboratoire, nous développons des protocoles innovants pour manipuler la composition du microbiote et produire des moustiques de laboratoire microbiologiquement stériles ou avec un microbiote représentatif d’un microbiote de terrain. Cela nous permettra de réaliser des études fonctionnelles sur nos moustiques vecteurs sur un modèle de laboratoire plus pertinent.
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Nous nous intéressons aux deux moustiques vecteurs principaux présents en Guyane, et aux pathogènes qu’ils transmettent.
Nous collectons ces moustiques dans divers sites en Guyane, les plus proches étant à Cayenne, notamment sur le campus de l’institut, pour collecter Ae. aegypti, les plus éloignés seulement accessibles par pirogue, par exemple Trois-Palétuviers sur le fleuve Oyapoque, où nous collectons An. darlingi.
Notre laboratoire est hébergé dans le Vectopôle Amazonien Émile Abonnenc à l’Institut Pasteur de la Guyane (Cayenne), une plate-forme moderne d’entomologie, qui contient notamment des laboratoires de sécurité (LSB2 et LSB3) pour réaliser des infections bactériennes, virales et parasitaires chez nos moustiques.
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Nos recherches fondamentales visent à identifier de nouvelles stratégies pour bloquer la transmission de parasites du paludisme et d’arbovirus. Elles peuvent notamment aboutir à l’identification de nouvelles cibles de vaccins ou médicaments anti-transmission (traitements pris par l’homme qui, après ingestion par le moustique, bloquent le parasite ou le virus), ou des microbes qui empêchent au sein du moustique le développement de pathogènes transmis.
La canopée des sciences - Association de vulgarisation scientifique en Guyane